LEMNISCATE
PROCESSUS

8 mars 2021

Bibliothèque – “Les aveugles et la question de l’éléphant”, des Contes derviches de Idries Shah

Dernière mise à jour le 8 mars 2021

Il était une ville, au delà de Ghor, dont tous les habitants étaient aveugles.
Un roi, ses courtisans et ses hommes d’armes arrivèrent un jour à proximité. Ils établirent un camp dans le désert, aux portes de la ville.
Ce roi possédait un éléphant qu’il lançait dans la bataille pour terrifier et écraser l’ennemi.

Nos aveugles brûlaient de voir l’éléphant. Quelques-uns se précipitèrent comme des idiots à sa découverte. Puisqu’ils ne savaient pas quelle forme ni quelle allure cela avait, ils cherchèrent à l’aveuglette, recueillant des informations en palpant telle ou telle partie du corps de l’éléphant.
Chacun crut avoir découvert ce que c’était parce qu’il en avait touché un élément.

Quand ils furent de retour parmi leurs concitoyens, des groupes avides se rassemblèrent. Ces gens étaient impatients d’apprendre la vérité de la bouche des égarés. Ils posèrent des questions sur la forme et l’apparence de l’éléphant, écoutèrent ce que les palpeurs leur en dirent.
Celui dont la main avait atteint une oreille fut interrogé sur la nature de l’étrange créature.
“C’est une grande chose rugueuse, large et ample, dit-il. Ca ressemble à un tapis.”
“Moi, je sais de quoi il s’agit : c’est une sorte de tuyau, affreux et destructeur !” s’exclama celui qui avait posé la main sur la trompe.
“C’est une sorte de pilier vivant” déclara celui qui avait palpé une patte.

Chacun avait touché une partie du corps de l’éléphant. Tous l’avaient mal perçue. Aucun ne connaissait le tout : la connaissance n’est pas la compagne des aveugles. Tous imaginaient quelque chose, tous se trompaient.

Le créé, que sait-il de la divinité ? Les voies de l’intellect ordinaire ne sont pas la Voie de la Science divine.

Ce conte est plus connu sous la forme que Rumi lui a donné dans son Mathnavi (“L’éléphant dans sa maison obscure”). La présente version est celle de Hakim Sanaï, maître de Rumi (Le Jardin clos de la Vérité, Livre I). Sanaï est mort en 1150.
Les deux versions sont elles-mêmes des interprétations d’un argument utilisé par les maîtres soufis depuis de nombreux siècles.


Ce livre est disponible dans la bibliothèque partagée du Jardin Intérieur, parmi d’autres ouvrages sur les thématiques de la connaissance de soi, la spiritualité…
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